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Wednesday, March 02, 2011

Los beneficios de la luna, de Charles Baudelaire. Mi retrato escrito hace mucho mucho tiempo...

La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: "Cette enfant me plaît."
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer.
Cependant, dans l'expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux; et toute cette lumière vivante pensait et disait: "Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime: l'eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l'eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas; l'amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce!
"Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie."
Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.


La luna, que es el capricho mismo, se asomó por la ventana mientras dormías en la cuna, y se dijo "Esa criatura me agrada".
Y bajó con suavidad por su escala de nubes y pasó silenciosa a través de los vidrios. Se acostó sobre ti con la ternura flexible de una madre, y ardió sus colores sobre tu rostro. Tus pupilas se pusieron verdes, y las mejillas extraordinariamente pálidas. Al contemplar a esta visitante tus ojos se agrandaron extrañamente, y ella te oprimió con tal delicadeza la garganta que te quedó para siempre el deseo de llorar.
Sin embargo, en la expansión de su gozo, la luna poblaba todo el cuarto como atmósfera fosforescente, como veneno fúlgido; y esta vívida luz pensaba y decía: "¡padecerás eternamente el influjo de mi beso. Serás bella a mi manera. Amarás lo que amo y lo que me ama: el agua informe y multiforme; el sitio donde no estés; el amante que no conocerás; las flores monstruosas; los perfumes que provocan delirio; los gatos pasmados sobre los pianos y que gimen como mujeres, con voz ronca y dulce!".
"Y serás amada por mis amantes, cortejada por mis cortesanos. Serás reina de los hombres de ojos verdes a quienes cerré asimismo la garganta con mis caricias nocturnas; de los que aman el mar, el mar vasto, tumultuoso y verde; el agua informe y multiforme, el sitio donde no estés, la mujer que no conocen, las flores fúnebres que se parecen a los incensarios de una religión desconocida, los perfumes que turban la voluntad, y los animales selváticos y voluptuosos que son emblema de su locura".
Y por ello, maldita, querida niña consentida, estoy ahora tendido a tus pies, buscando en tu figura el reflejo de la terrible divinidad, de la fatídica madrina, de la nodriza emponzoñadora de todos los lunáticos.

2 comments:

Felicidad Batista said...

Como adoro a Buadelaire y a a Rimbaud, entre otros, chapeau por el texto.

Gricelda Maria said...

Muchas gracias. También adoro a Baudelaire, Rimbaud y otros varios.
Como me deleito con Alfonsina o Juana de Ibarbourou.
Saludos.